NOUREDDINE KHAYACHI
LE NU ACADÉMIQUE

« Je suis attaché à l’empire de la beauté. La jeunesse des passions est toujours vive en moi »
Noureddine KhayachiLa pureté du trait
«Par sa rythmique, sa mouvance et sa sensualité, chaque corps devient un moment de vérité etun instant de beauté à capter par le regard.»Khayachi était passionné par l’anatomie du corps humain qui symbolise par la perfection de son architecture, l’origine mystérieuse et mystique de la création…
Trés attentif à la rythmique des corps, à leur mouvance dans l’espace, à leur sensualité, à leur identité humaine, chaque corps devient un moment de vérité et un instant de beauté à capter par le regard.
L’expérience de tous les matériaux pour l’étude du nu lui permet d’élargir son regard et sa façon d’appréhender le visible. Le nu sera étudié à partir de diverses techniques : la peinture à l’huile, la peinture au couteau, le fusain, les sanguines, les dessins au crayon, le pastel, l’aquarelle. Il en résulte une personnalité artistique qui s’enrichit au contact de chaque nouvelle sensation et de chaque nouvelle émotion.
Khayachi cesse pour un moment d’observer avec respect la Tunisie pour la regarder avec sensualité. Il trouve enfin, face au nu, une spontanéité, une fraîcheur et un dépouillement qui vont lui faire beaucoup de bien. Il avait besoin d’une telle détente ! En maître-d’œuvre, il met son nu à l’aise pour en extraire le choc émotionnel qui va se graver en dessin sur le papier ou en peinture sur la toile. La subtilité des positions ajoutée à la délicatesse des observations apporte un réel bien-être plastique.

Femmes debout, couchées ou assises se donnent au dessinateur en toute confiance. Il se conduit tel un médecin ou un anatomiste sous l’égide d’un code d’honneur. Il aborde avec respect le corps de la femme même toute nue. Toutes les parties de son corps sont appréhendées comme une sculpture ; la femme garde son honneur, sa dignité et surtout sa beauté.
Khayachi ose en sachant doser et c’est là que s’opère son alchimie. C’est dire encore une fois l’extraordinaire acuité du trait de Khayachi qui habille ses modèles lorsqu’il les déshabille…
En véritable enchanteur, il résume la vie de chacun à un trait; et à partir de ce trait, il recrée la beauté de l’être humain.
Souveraine d’un univers dont elle est l’éternelle muse, la femme lui suggère ses plus belles et plus émouvantes réalisations; il a exalté de façon merveilleuse l’éternel féminin…

«Devant elle, nos yeux sont comme enivrés. Ils parcourent la ligne que décrivent les contours de son corps miraculeux… A laisser vivre en nous cette ligne avec ses renflements et ses retraits, ses élans et ses détentes, nous nous sentons envahis d’un sentiment de délectation profonde… quelle grâce et quelle vigueur… Comme il vit, palpite, frissonne, chante et vibre ce jeune corps ! C’est la femme dans sa pleine puissance. Elle est jeune et on devine en elle
une force redoutable. Elle semble paisible et sereine. Mais au fond c’est un félin au repos».
Noureddine Khayachi (extrait de sa thèse sur “le Titien”, Rome 1962).